En 1959, un roman écrit par Seicho Matsumoto, The Tower of the Waves est publié dans un magazine féminin japonais. Ce roman est une histoire d’amour impossible entre l’inspecteur Onogi et son amante Yoriko. Cette dernière réalisant que leur amour est impossible, disparaît dans la forêt d’Aokigahara au pied du mont Fuji. Très vite, à cause de ce roman à succès, la forêt se fait connaître comme le lieu idéal pour mettre fin à sa vie. Cette forêt est comme le fleuve Léthé (le fleuve de l’oubli), dans la mythologie grecque. Elle marque une frontière entre le moment présent et l’au-delà, entre la matérialité et le néant, entre l’enfer et le Jardin d’Eden. Elle est le lieu idéal pour ceux qui veulent être oubliés, ceux qui veulent disparaître de la mémoire des autres, en silence. Mais cette forêt est aussi habitée par cette force incroyable de la nature qui tente de survivre malgré la topologie du terrain. Cette dualité entre la vie et la mort, l’oubli et la mémoire, marque inéluctablement les promeneurs et les curieux. Cette forêt est fascinante. Cette forêt est singulière car elle contient la mémoire de ceux qui s’y sont perdu, elle les protège en son sein, transformant leur détresse en sève vitale. En s’y promenant, on fait face à des trous béants dans le sol, comme une invitation à pénétrer en son centre. Ces trous, ces grottes, sont des cachettes, une porte entrouverte où l’on tente d’apercevoir un fond qui n’existe peut-être pas.
In 1959, a novel written by Seicho Matsumoto, ‘The Tower of the Waves’, was published in a Japanese women’s magazine. The novel is an impossible love story between Inspector Onogi and his lover Yoriko. The latter realizing that their love is impossible, disappears in the Aokigahara Forest at the foot of Mount Fuji. Very quickly, because of the success of the novel, the forest became known as the ideal place to end one’s life. This forest is like the river Lethe (the river of oblivion), in Greek mythology. It marks a border between the present moment and the beyond, between materiality and nothingness, between hell and the Garden of Eden. It is the ideal place for those who want to be forgotten, those who want to disappear from the memories of others, in silence. But this forest is also inhabited by this incredible force of nature which tries to survive despite the topology of the terrain. The duality between life and death, forgetfulness and memory, inevitably stays with walkers and the curious. This forest is fascinating. This forest is unique because it contains the memory of those who are lost there, it protects them within it, transforming their distress into vital sap. As you walk around, you face gaping holes in the ground, like an invitation to enter its centre. These holes, these caves, are hiding places, a half-open door where you try to see a backdrop that may not exist.